Louise Collet, dessinatrice, prépare une exposition au Château des Izards à Coulounieix-Chamiers, clôturant ses séjours en résidence au cœur des jardins familiaux de Chamiers, un projet accompagné par l’Agence culturelle départementale.
Dans le cadre de la résidence Vagabondage 932 menée par la Compagnie Ouïe/Dire à Coulounieix-Chamiers (Dordogne), Louise Collet, accueillie en résidence depuis 2019, a choisi de développer un projet dans les jardins familiaux de la SNCF en allant à la rencontre des jardiniers. Les anciens jardins de la SNCF créés en 1942 pour les cheminots et leurs familles, sont depuis 2005 ouverts à toute personne qui désire cultiver une parcelle – résident du quartier ou non. Il y a à Chamiers 85 jardiniers et une centaine de jardins. On les appelle les Jardinots. Depuis deux ans, la dessinatrice Louise Collet sillonne ces jardins familiaux. En compagnie de Marc Pichelin et ses micros, elle est allée à la rencontre des jardiniers. Au fil de leurs promenades, les langues se sont déliées et les jardiniers se sont volontiers livrés : parcours personnels, anecdotes, conseils de jardinage…
Une complicité s’est installée entre jardiniers et artistes. Pendant que Marc Pichelin écoute et enregistre leur parole, Louise Collet explore le jardin, elle s’imprègne des lieux et prend des photos. Après cette collecte de sons et d’images, elle se met à peindre et à dessiner. Elle utilise différentes techniques ; une partie réalisée à la gouache sur de petits formats, proches de la carte de jeu. Ces gouaches représentent un détail du jardin ou du jardinier à travers ses gestes, ses outils ou encore ses plantations. Elle a réalisé une dizaine de portraits. Pour chacun des jardiniers, elle a choisi une gamme de couleurs en fonction de la luminosité et de l’ambiance du jardin au moment de la rencontre. « Cela permet de créer une unité, de distinguer les jardiniers les uns des autres et de raconter l’ambiance lumineuse au fil des saisons ». Louise Collet travaille également sur des vues plus larges afin de présenter les cabanes et les jardins dans leur globalité. Ces grands formats sont dessinés au Rotring sur du papier Kashiki, un papier japonais très fin. Elle trace d’abord un croquis qu’elle retravaille ensuite : c’est un mélange entre improvisation et observation. A travers ses dessins et ses différents points de vue, Louise Collet dresse des portraits en creux. Les jardiniers ne sont jamais montrés directement mais uniquement à travers leurs gestes, leurs outils et leurs jardins. En décalant son regard, l’artiste nous en dit beaucoup sur les jardiniers et leur savoir-faire. Le plasticien Joël Thépault, le jardinier de la parcelle 62 depuis 2019, se joint à Louise Collet pour créer, au Château des Izards, une scénographie en résonnance avec les jardins.